jeudi 25 novembre 2010

Rire souvent et beaucoup...


Une recette de vie réussie selon Ralph Waldo Emerson :

" Rire souvent et beaucoup, mériter le respect des gens intelligents et l'affection des enfants, gagner l'estime des critiques honnêtes et endurer les trahisons de ceux qui ne sont pas de vrais amis, apprécier la beauté, trouver ce qu'il y a de mieux dans les autres, laisser derrière soi un monde un peu meilleur, par un bel enfant, un coin de jardin ou une condition sociale moins dure, savoir qu'une vie seulement a respiré plus facilement grâce à vous, voilà ce qu'est la réussite."

samedi 20 novembre 2010




Oh la Vache!

Un touriste rencontre un paysan qui répare une cloture.
-Bonjour monsieur.

-Bonjour.

Le touriste regardant l'arbre fruitier qui touche la cloture :

-Elles sont drôlement belles vos pommes !

-Ce ne sont pas des pommes, ce sont des poires. Des poires de cerdagne!

-Ah ! C'est pour ça qu'elles sont ovales.

-Ben oui, les pommes, c'est plus ronds et les poires ovales.

- C'est à vous le champ près du pommier, là-bas ?

- Oui, mais ce n'est pas un pommier, c’est un sapin. Pourquoi?

- Parce qu'il y a une vache dedans qui a l'air vraiment bizarre.

- Ah oui? Qu'est-ce qu'elle a de bizarre cette vache ?

- Elle n'a pas de cornes. C'est quand même drôle une vache sans cornes.

- Oui, c'est vrai. Mais vous savez, les vaches, il leur arrive de se prendre les cornes dans une clôture.

- Je vois, et elles les cassent en essayant de se dégager.

- C'est cela. Mais celle-là, c’est autre chose.

- Ah?

- Il y a aussi des vaches qui se battent des fois...

- Je vois, et elles se cassent les cornes en se battant.

- C'est cela. Mais celle-là c’est autre chose...

- Ah?

- Il y a des vaches qui tombent malades aussi...

- Je vois et leurs cornes tombent toutes seules, comme des dents.

- C'est cela. Mais celle-là, c est autre chose...

- Ah ?

- Il y a des vaches qui sont méchantes aussi...

- Je vois, et on leur coupe les cornes pour qu'elles ne blessent personne.

- C'est cela. Mais celle-là c’est autre chose...

- Ah ? Mais qu'est-ce qu'elle a celle-là alors ?

- Eh bien celle-là, elle n'a pas de cornes parce que c'est un cheval !




jeudi 18 novembre 2010

Le corbeau et le renard une fable revisitée

Une nouvelle fable de Laffond sans haine!

Je vous propose une nouvelle version de la fable du corbeau et du renard :

Le corbeau, en son logis, était au fourneau.
Le renard alléché par l’odeur vint frapper à sa porte.
« Ouvrez-moi, mon estomac cri famine !»
Le Corbeau refuse d’ouvrir son hui.
Le Renard, en furie, récolte des cailloux
Et rageur les lance violement contre la porte.
Le premier explose la dalle qui achemine l’eau de pluie.
Le second éclate le verre du haut de la porte.
Le troisième pénètre par le trou ainsi dégagé
Et percute la porte de la salle de bain.
Le corbeau, affolé, téléphone au Lion
Le suppliant de venir à son aide.
Le renard de plus en plus furieux,
De ne pouvoir atteindre sa cible, redouble d’effort.
Les cailloux suivants attaquent le mur.
La petite maison, vaillante, résiste aux terribles assauts.
Le corbeau apeuré est en sureté.
Devant ses efforts inutiles, le renard frustré s’en retour chez lui !
Le lion débarque enfin, sa crinière en panache.
Il écoute le récit du corbeau,
Affutant ses griffes et ses crocs pour une autre occasion !
Le jour suivant, le corbeau courre demander de l’aide à la Fouine.
Celle-ci lui répond : « que nenni, ce n’est point parce que vous me payez
Une rente, que dans ce cas je vous dois assistance. Débrouillez vous !»
Le corbeau, dépité de tant d’abandon, quitte son logis.
La peur que le renard ne revienne lui trialle les entrailles.
Cette fois ci la maison a résisté,
Mais qu’en sera-t-il si le renard est mieux armé la fois prochaine  ?
La raison du plus fort est elle encore la meilleure ?
Brave gens n’oubliez pas cette leçon :
Bâtissez votre maison avec une hui bien solide.
Et comptez sur vos propres ressources pour affronter l’adversité.

Une histoire qui vaut bien une leçon chèrement apprise !

La semaine dernière, le locataire de mon frère, Damien, a été agressé à son domicile. Un inconnu a pénétré dans la cour privative de la maison et ramassé des pierres dans le jardin pour les balancer sauvagement sur la porte d’entrée. Damien, qui était à l’intérieur de la maison, a téléphoné à la gendarmerie pour demander de l’aide. Les gendarmes sont arrivés alors que l’action était terminée. Heureusement pour Damien, l’agresseur n’a pas réussit à entrer dans la maison. Pour la petite histoire la caserne de gendarmerie se trouve au bout de la rue, à moins d’un kilomètre.

Traumatisé par cette agression, Damien est allé à la gendarmerie pour porter plainte. Sa déposition a été enregistrée, décrivant tous les détails. Mais, surprise, lorsqu’il a voulu donner un descriptif de l’agresseur, son interlocuteur lui a fait comprendre que cela importait peu, surtout s’il « s’agissait d’un espagnol ».???

La suite de l’histoire est particulièrement interressante. Les dégâts sur la maison sont importants : impacts sur la façade, porte extérieure martelée de coups, vitre cassée, dalle explosée, plusieurs pierres ont pénétrées à l’intérieur de la maison et l’une d’elle a abimé la porte de la salle de bain….
Mon frère va voir son assureur. Celui-ci signale, immédiatement, qu’une franchise de 200 euros est à payer et qu’un expert va passer constater l’ampleur des dégâts. Le lendemain, le même assureur téléphone pour annuler le passage de l’expert et se dégager de toute responsabilité.

He oui braves gens, il n’y a pas eu « tentative d’effraction », c’est donc un cas de vandalisme ce qui n’est absolument pas du ressort de votre assureur !

Donc, à vous de prendre vos dispositions : toute déclaration ne contenant pas le mot « tentative d’effraction » permettra à votre assureur de ne pas assumer les dégâts dont vous êtes la victime.

Il n’y a pas eu que des dégâts matériels, Damien n’habite plus la maison depuis lors et a résilié son contrat de location. Il a eu beaucoup de chance que la porte résiste aux assauts de l’agresseur.

Conclusion : ne lésinez pas sur la qualité de votre porte d’entrée, elle doit résister par elle-même, avant l’arrivée hypothétique d’une quelconque force de l’ordre susceptible de vous aider. Et ne comptez pas sur les cotisations payées à votre assureur !

Cette leçon valait elle un fromage ?

jeudi 11 novembre 2010

L’homme qui plantait des arbres : Jean Giono


Pour que le caractère d'un être humain dévoile des qualités vraiment exceptionnelles, il faut avoir la bonne fortune de pouvoir observer son action pendant de longues années. Si cette action est dépouillée de tout égoïsme, si l'idée qui la dirige est d'une générosité sans exemple, s'il est absolument certain qu'elle n'a cherché de récompense nulle part et qu'au surplus elle ait laissé sur le monde des marques visibles, on est alors, sans risque d'erreurs, devant un caractère inoubliable.

Il y a environ une quarantaine d'années, je faisais une longue course à pied, sur des hauteurs absolument inconnues des touristes, dans cette très vieille région des Alpes qui pénètre en Provence. Cette région est délimitée au sud-est et au sud par le cours moyen de la Durance, entre Sisteron et ; au nord par le cours supérieur de la Drôme, depuis sa source jusqu'à Die ; à l'ouest par les plaines du Comtat Venaissin et les contreforts du Mont- Ventoux. Elle comprend toute la partie nord du département des Basses-Alpes, le sud de la Drôme et une petite enclave du Vaucluse. C'était, au moment où j'entrepris ma longue promenade dans ces déserts, des landes nues et monotones, vers 1 200 à 1 300 mètres d'altitude. Il n'y poussait que des lavandes sauvages. Je traversais ce pays dans sa plus grande largeur et, après trois jours de marche, je me trouvais dans une désolation sans exemple. Je campais à côté d'un squelette de village abandonné. Je n'avais plus d'eau depuis la veille et il me fallait en trouver. Ces maisons agglomérées, quoiqu’en ruine, comme un vieux nid de guêpes, me firent penser qu'il avait dû y avoir là, dans le temps, une fontaine ou un puits. Il y avait bien une fontaine, mais sèche. Les cinq à six maisons, sans toiture, rongées de vent et de pluie, la petite chapelle au clocher écroulé, étaient rangées comme le sont les maisons et les chapelles dans les villages vivants, mais toute vie avait disparu.

C'était un beau jour de juin avec grand soleil, mais sur ces terres sans abri et hautes dans le ciel, le vent soufflait avec une brutalité insupportable. Ses grondements dans les carcasses des maisons étaient ceux d'un fauve dérangé dans son repas.

Il me fallut lever le camp. À cinq heures de marche de là, je n'avais toujours pas trouvé d'eau et rien ne pouvait me donner l'espoir d'en trouver. C'était partout la même sécheresse, les mêmes herbes ligneuses. Il me sembla apercevoir dans le lointain une petite silhouette noire, debout. Je la pris pour le tronc d'un arbre solitaire. À tout hasard, je me dirigeai vers elle. C'était un berger. Une trentaine de moutons couchés sur la terre brûlante se reposaient près de lui.

Il me fit boire à sa gourde et, un peu plus tard, il me conduisit à sa bergerie, dans une ondulation du plateau. Il tirait son eau – excellente – d'un trou naturel, très profond, au-dessus duquel il avait installé un treuil rudimentaire.

Cet homme parlait peu. C'est le fait des solitaires, mais on le sentait sûr de lui et confiant dans cette assurance. C'était insolite dans ce pays dépouillé de tout. Il n'habitait pas une cabane mais une vraie maison en pierre où l'on voyait très bien comment son travail personnel avait rapiécé la ruine qu'il avait trouvé là à son arrivée. Son toit était solide et étanche. Le vent qui le frappait faisait sur les tuiles le bruit de la mer sur les plages.

Son ménage était en ordre, sa vaisselle lavée, son parquet balayé, son fusil graissé ; sa soupe bouillait sur le feu. Je remarquai alors qu'il était aussi rasé de frais, que tous ses boutons étaient solidement cousus, que ses vêtements étaient reprisés avec le soin minutieux qui rend les reprises invisibles.

Il me fit partager sa soupe et, comme après je lui offrais ma blague à tabac, il me dit qu'il ne fumait pas. Son chien, silencieux comme lui, était bienveillant sans bassesse.

Il avait été entendu tout de suite que je passerais la nuit là ; le village le plus proche était encore à plus d'une journée et demie de marche. Et, au surplus, je connaissais parfaitement le caractère des rares villages de cette région. Il y en a quatre ou cinq dispersés loin les uns des autres sur les flans de ces hauteurs, dans les taillis de chênes blancs à la toute extrémité des routes carrossables. Ils sont habités par des bûcherons qui font du charbon de bois. Ce sont des endroits où l'on

vit mal. Les familles serrées les unes contre les autres dans ce climat qui est d'une rudesse excessive, aussi bien l'été que l'hiver, exaspèrent leur égoïsme en vase clos.

L'ambition irraisonnée s'y démesure, dans le désir continu de s'échapper de cet endroit.

Les hommes vont porter leur charbon à la ville avec leurs camions, puis retournent. Les plus solides qualités craquent sous cette perpétuelle douche écossaise. Les femmes mijotent des rancœurs. Il y a concurrence sur tout, aussi bien pour la vente du charbon que pour le banc à l'église, pour les vertus qui se combattent entre elles, pour les vices qui se combattent entre eux et pour la mêlée générale des vices et des vertus, sans repos.

Par là-dessus, le vent également sans repos irrite les nerfs. Il y a des épidémies de suicides et de nombreux cas de folies, presque toujours meurtrières.

Le berger qui ne fumait pas alla chercher un petit sac et déversa sur la table un tas de glands. Il se mit à les examiner l'un après l'autre avec beaucoup d'attention, séparant les bons des mauvais. Je fumais ma pipe. Je me proposai pour l'aider. Il me dit que c'était son affaire. En effet : voyant le soin qu'il mettait à ce travail, je n'insistai pas. Ce fut toute notre conversation. Quand il eut du côté des bons un tas de glands assez gros, il les compta par paquets de dix. Ce faisant, il éliminait encore les petits fruits ou ceux qui étaient légèrement fendillés, car il les examinait de fort près.

Quand il eut ainsi devant lui cent glands parfaits, il s'arrêta et nous allâmes nous coucher.

La société de cet homme donnait la paix. Je lui demandai le lendemain la permission de me reposer tout le jour chez lui. Il le trouva tout naturel, ou, plus exactement, il me donna l'impression que rien ne pouvait le déranger.

Ce repos ne m'était pas absolument obligatoire, mais j'étais intrigué et je voulais en savoir plus. Il fit sortir son troupeau et il le mena à la pâture. Avant de partir, il trempa dans un seau d'eau le petit sac où il avait mis les glands soigneusement choisis et comptés.

Je remarquai qu'en guise de bâton, il emportait une tringle de fer grosse comme le pouce et longue d'environ un mètre cinquante. Je fis celui qui se promène en se reposant et je suivis une route parallèle à la sienne. La pâture de ses bêtes était dans un fond de combe. Il laissa le petit troupeau à la garde du chien et il monta vers l'endroit où je me tenais. J'eus peur qu'il vînt pour me reprocher mon indiscrétion mais pas du tout : c'était sa route et il m'invita à l'accompagner si je n'avais rien de mieux à faire. Il allait à deux cents mètres de là, sur la hauteur.

Arrivé à l'endroit où il désirait aller, il se mit à planter sa tringle de fer dans la terre. Il faisait ainsi un trou dans lequel il mettait un gland, puis il rebouchait le trou. Il plantait des chênes. Je lui demandai si la terre lui appartenait. Il me répondit que non. Savait-il à qui elle était ? Il ne savait pas. Il supposait que c'était une terre communale, ou peut être, était-elle propriété de gens qui ne s'en souciaient pas ? Lui ne se souciait pas de connaître les propriétaires. Il planta ainsi cent glands avec un soin extrême.

Après le repas de midi, il recommença à trier sa semence. Je mis, je crois, assez d'insistance dans mes questions puisqu'il y répondit. Depuis trois ans il plantait des arbres dans cette solitude. Il en avait planté cent mille. Sur les cent mille, vingt mille était sortis. Sur ces vingt mille, il comptait encore en perdre la moitié, du fait des rongeurs ou de tout ce qu'il y a d'impossible à prévoir dans les desseins de la Providence. Restaient dix mille chênes qui allaient pousser dans cet endroit où il n'y avait rien auparavant.

C'est à ce moment là que je me souciai de l'âge de cet homme. Il avait visiblement plus de cinquante ans. Cinquante-cinq, me dit-il. Il s'appelait Elzéard Bouffier. Il avait possédé une ferme dans les plaines. Il y avait réalisé sa vie. Il avait perdu son fils unique, puis sa femme. Il s'était retiré dans la solitude où il prenait plaisir à vivre lentement, avec ses brebis et son chien. Il avait jugé que ce pays mourait par manque d'arbres. Il ajouta que, n'ayant pas d'occupations très importantes, il avait résolu de remédier à cet état de choses.

Menant moi-même à ce moment-là, malgré mon jeune âge, une vie solitaire, je savais toucher avec délicatesse aux âmes des solitaires. Cependant, je commis une faute.

Mon jeune âge, précisément, me forçait à imaginer l'avenir en fonction de moi-même et d'une certaine recherche du bonheur. Je lui dis que, dans trente ans, ces dix mille chênes seraient magnifiques. Il me répondit très simplement que, si Dieu lui prêtait vie, dans trente ans, il en aurait planté tellement d'autres que ces dix mille seraient comme une goutte d'eau dans la mer.

Il étudiait déjà, d'ailleurs, la reproduction des hêtres et il avait près de sa maison une pépinière issue des faînes. Les sujets qu'il avait protégés de ses moutons par une barrière en grillage, étaient de toute beauté. Il pensait également à des bouleaux pour les fonds où, me dit-il, une certaine humidité dormait à quelques mètres de la surface du sol.

Nous nous séparâmes le lendemain.

L'année d'après, il y eut la guerre de 14 dans laquelle je fus engagé pendant cinq ans. Un soldat d'infanterie ne pouvait guère y réfléchir à des arbres. À dire vrai, la chose même n'avait pas marqué en moi : je l'avais considérée comme un dada, une collection de timbres, et oubliée.

Sorti de la guerre, je me trouvais à la tête d'une prime de démobilisation minuscule mais avec le grand désir de respirer un peu d'air pur. C'est sans idée préconçue – sauf celle-là – que je repris le chemin de ces contrées désertes.

Le pays n'avait pas changé. Toutefois, au-delà du village mort, j'aperçus dans le lointain une sorte de brouillard gris qui recouvrait les hauteurs comme un tapis. Depuis la veille, je m'étais remis à penser à ce berger planteur d'arbres. « Dix mille chênes, me disais-je, occupent vraiment un très large espace ».

J'avais vu mourir trop de monde pendant cinq ans pour ne pas imaginer facilement la mort d'Elzéar Bouffier, d'autant que, lorsqu'on en a vingt, on considère les hommes de cinquante comme des vieillards à qui il ne reste plus qu'à mourir. Il n'était pas mort. Il était même fort vert. Il avait changé de métier. Il ne possédait plus que quatre brebis mais, par contre, une centaine de ruches. Il s'était débarrassé des moutons qui mettaient en péril ses plantations d'arbres.

Car, me dit-il (et je le constatais), il ne s'était pas du tout soucié de la guerre. Il avait imperturbablement continué à planter.

Les chênes de 1910 avaient alors dix ans et étaient plus hauts que moi et que lui. Le spectacle était impressionnant. J'étais littéralement privé de parole et, comme lui ne parlait pas, nous passâmes tout le jour en silence à nous promener dans sa forêt. Elle avait, en trois tronçons, onze kilomètres de long et trois kilomètres dans sa plus grande largeur. Quand on se souvenait que tout était sorti des mains et de l'âme de cet homme - sans moyens techniques - on comprenait que les hommes pourraient être aussi efficaces que Dieu dans d'autres domaines que la destruction.

Il avait suivi son idée, et les hêtres qui m'arrivaient aux épaules, répandus à perte de vue, en témoignaient. Les chênes étaient drus et avaient dépassé l'âge où ils étaient à la merci des rongeurs ; quant aux desseins de la

Providence elle-même, pour détruire l'œuvre créée, il lui faudrait avoir désormais recours aux cyclones. Il me montra d'admirables bosquets de bouleaux qui dataient de cinq ans, c'est-à-dire de 1915, de l'époque où je combattais à Verdun. Il leur avait fait occuper tous les fonds où il soupçonnait, avec juste raison, qu'il y avait de l'humidité presque à fleur de terre. Ils étaient tendres comme des adolescents et très décidés.

La création avait l'air, d'ailleurs, de s'opérer en chaînes. Il ne s'en souciait pas ; il poursuivait obstinément sa tâche, très simple.

Mais en redescendant par le village, je vis couler de l'eau dans des ruisseaux qui, de mémoire d'homme, avaient toujours été à sec.

C'était la plus formidable opération de réaction qu'il m'ait été donné de voir. Ces ruisseaux secs avaient jadis porté de l'eau, dans des temps très anciens. Certains de ces villages tristes dont j'ai parlé au début de mon récit s'étaient construits sur les emplacements d'anciens villages gallo-romains dont il restait encore des traces, dans lesquelles les archéologues avaient fouillé et ils avaient trouvé des hameçons à des endroits où au vingtième siècle, on était obligé d'avoir recours à des citernes pour avoir un peu d'eau.

Le vent aussi dispersait certaines graines. En même temps que l'eau réapparut réapparaissaient les saules, les osiers, les prés, les jardins, les fleurs et une certaine raison de vivre.

Mais la transformation s'opérait si lentement qu'elle entrait dans l'habitude sans provoquer d'étonnement. Les chasseurs qui montaient dans les solitudes à la poursuite des lièvres ou des sangliers avaient bien constaté le foisonnement des petits arbres mais ils l'avaient mis sur le compte des malices naturelles de la terre. C'est pourquoi personne ne touchait à l'œuvre de cet homme. Si on l'avait soupçonné, on l'aurait contrarié. Il était insoupçonnable. Qui aurait pu imaginer, dans les villages et dans les administrations, une telle obstination dans la générosité la plus magnifique ?

À partir de 1920, je ne suis jamais resté plus d'un an sans rendre visite à Elzéard Bouffier. Je ne l'ai jamais vu fléchir ni douter. Et pourtant, Dieu sait si Dieu même y pousse !

Je n'ai pas fait le compte de ses déboires. On imagine bien cependant que, pour une réussite semblable, il a fallu vaincre l'adversité ; que, pour assurer la victoire d'une telle passion, il a fallu lutter avec le désespoir. Il avait, pendant un an, planté plus de dix mille érables. Ils moururent tous. L'an d'après, il abandonna les érables pour reprendre les hêtres qui réussirent encore mieux que les chênes.

Pour avoir une idée à peu près exacte de ce caractère exceptionnel, il ne faut pas oublier qu'il s'exerçait dans une solitude totale ; si totale que, vers la fin de sa vie, il avait perdu l'habitude de parler. Ou, peut-être, n'en voyait-il pas la nécessité ?

En 1933, il reçut la visite d'un garde forestier éberlué. Ce fonctionnaire lui intima l'ordre de ne pas faire de feu dehors, de peur de mettre en danger la croissance de cette forêt naturelle. C'était la première fois, lui dit cet homme naïf, qu'on voyait une forêt pousser toute seule. À cette époque, il allait planter des hêtres à douze kilomètres de sa maison. Pour s'éviter le trajet d'aller-retour – car il avait alors soixante-quinze ans – il envisageait de construire une cabane de pierre sur les lieux mêmes de ses plantations.

Ce qu'il fit l'année d'après.

En 1935, une véritable délégation administrative vint examiner la « forêt naturelle ». Il y avait un grand personnage des

Eaux et Forêts, un député, des techniciens.

On prononça beaucoup de paroles inutiles.

On décida de faire quelque chose et, heureusement, on ne fit rien, sinon la seule chose utile : mettre la forêt sous la sauvegarde de l'État et interdire qu'on vienne y charbonner. Car il était impossible de n'être pas subjugué par la beauté de ces jeunes arbres en pleine santé. Et elle exerça son pouvoir de séduction sur le député lui-même.

J'avais un ami parmi les capitaines forestiers qui était de la délégation. Je lui expliquai le mystère. Un jour de la semaine d'après, nous allâmes tous les deux à la recherche d'Elzéard Bouffier. Nous le trouvâmes en plein travail, à vingt kilomètres de l'endroit où avait eu lieu l'inspection.

Ce capitaine forestier n'était pas mon ami pour rien. Il connaissait la valeur des choses.

Il sut rester silencieux. J'offris les quelques œufs que j'avais apportés en présent. Nous partageâmes notre casse-croûte en trois et quelques heures passèrent dans la contemplation muette du paysage.

Le côté d'où nous venions était couvert d'arbres de six à sept mètres de haut. Je me souvenais de l'aspect du pays en 1913 : le désert... Le travail paisible et régulier, l'air vif des hauteurs, la frugalité et surtout la sérénité de l'âme avaient donné à ce vieillard une santé presque solennelle. C'était un athlète de Dieu.

Je me demandais combien d'hectares il allait encore couvrir d'arbres.

Avant de partir, mon ami fit simplement une brève suggestion à propos de certaines essences auxquelles le terrain d'ici paraissait devoir convenir. Il n'insista pas. « Pour la bonne raison, me dit-il après, que ce bonhomme en sait plus que moi. » Au bout d'une heure de marche – l'idée ayant fait son chemin en lui - il ajouta : « Il en sait beaucoup plus que tout le monde. Il a trouvé un fameux moyen d'être heureux ! »

C'est grâce à ce capitaine que, non seulement la forêt, mais le bonheur de cet homme furent protégés. Il fit nommer trois gardes-forestiers pour cette protection et il les terrorisa de telle façon qu'ils restèrent insensibles à tous les pots-de-vin que les bûcherons pouvaient proposer.

L'œuvre ne courut un risque grave que pendant la guerre de 1939. Les automobiles marchant alors au gazogène, on n'avait jamais assez de bois. On commença à faire des coupes dans les chênes de 1910, mais ces quartiers sont si loin de tous réseaux routiers que l'entreprise se révéla très mauvaise au point de vue financier. On l'abandonna. Le berger n'avait rien vu. Il était à trente kilomètres de là, continuant paisiblement sa besogne, ignorant la guerre de 39 comme il avait ignoré la guerre de 14.

J'ai vu Elzéard Bouffier pour la dernière fois en juin 1945. Il avait alors quatre-vingt-sept ans. J'avais donc repris la route du désert, mais maintenant, malgré le délabrement dans lequel la guerre avait laissé le pays, il y avait un car qui faisait le service entre la vallée de la Durance et la montagne. Je mis sur le compte de ce moyen de transport relativement rapide le fait que je ne reconnaissais plus les lieux de mes dernières promenades. Il me semblait aussi que l'itinéraire me faisait passer par des endroits nouveaux. J'eus besoin d'un nom de village pour conclure que j'étais bien cependant dans cette région jadis en ruine et désolée. Le car me débarqua à Vergons.

En 1913, ce hameau de dix à douze maisons avait trois habitants. Ils étaient sauvages, se détestaient, vivaient de chasse au piège : à peu près dans l'état physique et moral des hommes de la préhistoire. Les orties dévoraient autour d'eux les maisons abandonnées. Leur condition était sans espoir. Il ne s'agissait pour eux que d'attendre la mort : situation qui ne prédispose guère aux vertus.

Tout était changé. L'air lui-même. Au lieu des bourrasques sèches et brutales qui m'accueillaient jadis, soufflait une brise souple chargée d'odeurs. Un bruit semblable à celui de l'eau venait des hauteurs : c'était celui du vent dans les forêts. Enfin, chose plus étonnante, j'entendis le vrai bruit de l'eau coulant dans un bassin. Je vis qu'on avait fait une fontaine, qu'elle était abondante et, ce qui me toucha le plus, on avait planté près d'elle un tilleul qui pouvait déjà avoir dans les quatre ans, déjà gras, symbole incontestable d'une résurrection.

Par ailleurs, Vergons portait les traces d'un travail pour l'entreprise duquel l'espoir était nécessaire. L'espoir était donc revenu. On avait déblayé les ruines, abattu les pans de murs délabrés et reconstruit cinq maisons. Le hameau comptait désormais vingt-huit habitants dont quatre jeunes ménages. Les maisons neuves, crépies de frais, étaient entourées de jardins potagers où poussaient, mélangés mais alignés, les légumes et les fleurs, les choux et les rosiers, les poireaux et les gueule-de-loup, les céleris et les anémones. C'était désormais un endroit où l'on avait envie d'habiter.

À partir de là, je fis mon chemin à pied. La guerre dont nous sortions à peine n'avait pas permis l'épanouissement complet de la vie, mais Lazare était hors du tombeau. Sur les flans abaissés de la montagne, je voyais de petits champs d'orge et de seigle en herbe ; au fond des étroites vallées, quelques prairies verdissaient.

Il n'a fallu que les huit ans qui nous séparent de cette époque pour que tout le pays resplendisse de santé et d'aisance. Sur l'emplacement des ruines que j'avais vues en

1913, s'élèvent maintenant des fermes propres, bien crépies, qui dénotent une vie heureuse et confortable. Les vieilles sources, alimentées par les pluies et les neiges que retiennent les forêts, se sont remises à couler.

On en a canalisé les eaux. À côté de chaque ferme, dans des bosquets d'érables, les bassins des fontaines débordent sur des tapis de menthes fraîches. Les villages se sont reconstruits peu à peu. Une population venue des plaines où la terre se vend cher s'est fixée dans le pays, y apportant de la jeunesse, du mouvement, de l'esprit d'aventure. On rencontre dans les chemins des hommes et des femmes bien nourris, des garçons et des filles qui savent rire et ont repris goût aux fêtes campagnardes. Si on compte l'ancienne population, méconnaissable depuis qu'elle vit avec douceur et les nouveaux venus, plus de dix mille personnes doivent leur bonheur à Elzéard Bouffier.

Quand je réfléchis qu'un homme seul, réduit à ses simples ressources physiques et morales, a suffi pour faire surgir du désert ce pays de Canaan, je trouve que, malgré tout, la condition humaine est admirable. Mais, quand je fais le compte de tout ce qu'il a fallu de constance dans la grandeur d'âme et d'acharnement dans la générosité pour obtenir ce résultat, je suis pris d'un immense respect pour ce vieux paysan sans culture qui a su mener à bien cette œuvre digne de Dieu.

Elzéard Bouffier est mort paisiblement en 1947 à l'hospice de Banon.


Merci à Jean Giono d'avoir semé de si belles graines!
Je vais en prendre de la graine.

samedi 1 mai 2010

Ermitage de notre dame de vie le 1er Mai 2010

Durée : 2h30
Dénivelé : 269 mètres
Point de départ : Villefranche de Conflent



Premier indice : trouver la porte de la ville qui donne vers le fort de Vauban.
Emprunter le pont Saint Jacques et traverser prudemment la voix du train jaune. Attention il circule relativement vite, soyez attentif car vous allez recommencer cette exercice encore deux fois!
Prendre ensuite à votre gauche et remonter le long de la Têt, c'est la rivière qui coule en contre bas.
Deuxième indice : Traverser encore les rails du train jaune.
Appréciez l'ordonnancement des jardins potagers du village.
A la jonction avec le macadam prendre sur la droite la rue qui est l'ancienne nationale. Attention ne pas traverser le pont!
Rejoindre la nouvelle national 116 et la longer vers la droite.
Troisième indice : traverser encore les rails et continuer jusqu'à une stèle qui marque le début du sentier qui monte à l'ermitage Notre Dame de Vie.
Le sentier est bien tracé, facile à suivre. La végétation alentour est un enchantement, les couleurs se mêlent, le jaune, le violet. Le Lila développe son parfum, les lys étirent leurs pétales, la montagne est parsemé de couleur. Le printemps est un enchantement!

L'Ermitage est en cours de restauration, sa porte est fermée à clef!

Oui, mais aujourd’hui c’est le premier mai, la fête du muguet! Alors la, fée clochette nous invite à la suirvre pour une surprise !
Un peu plus haut il y a une grotte, à laquelle on accède grâce à des marches bien taillées et une chaine robuste.
Le visiteur doit se mettre dans l’ambiance et raconter une histoire.
Milles histoires peuvent être ici inventés.
Nos ancêtres, avant les chrétiens, utilisaient-ils la grotte pour célébrer un culte Païen?
Des pèlerins de Saint Jacques de Compostelle se sont ils abrités sous cette voute ?
Un trésor est il enfoui dans le fond de la grotte?
Les bâtisseurs du fort de Vauban ont-ils taillés un passage secret qui rejoint la forteresse ?
Les Cathares ont-ils récités des prières à cet endroit ?

De quoi rêver à d’autres époques!

Et voilà, maintenant il suffit de redescendre pour retourner dans le 21 ème siècle!

Un joli voyage dans le temps de deux heures, merci.









mardi 13 avril 2010

Via Ferrata en Andorre

Le ciel bleu est au rendez-vous! Le projet de la matinée : grimper la via ferrata de Tossal Gran d'Aixovall.
La via ferrata est un itinéraire sportif, situé dans une paroi rocheuse, équipé avec des éléments spécifiques (câbles, échelles, etc) destinés à faciliter la progression et optimiser la sécurité des personnes qui l'utilisent. C'est l'armée italienne qui est à l'origine de cette activité puisque c'est elle qui a commencé dès le début du XXe siècle à équiper certains passages escarpés des Dolomites avec des mains courantes et des échelons pour permettre aux troupes alpines de traverser ces passages avec du matériel lourd. (source Wiki)


Démarrage à la petite chapelle dans le village.


On traverse la placeta Santa Filomena pour rejoindre le sentier qui mène au pieds de la via ferrata.


Début de la via ferrata : Longueur 150 mêtres sur un dénivelé de 70 mêtres.


Amy monte avec Jean son père qui assure la sécurité.


Photo souvenir, l'équipe prend la pose.


Amy change de point d'encrage.


Amy dit CouCou!


Bientôt l'arrivée, à cinq mêtres du but!


Concentration, d'Amy et de Papa, dans la dernière ligne droite.


La victoire dans quatre barreaux!


C'est l'arrivée trois quart d'heures après le départ! C'est la petite au casque bleu qui gagne!
Bravo!

lundi 12 avril 2010

Le jardinier d'amour


Le jardinier d'amour

"Si j'avais eu la conscience suffisamment claire et les mots suffisamment nuancés pour l'exprimer, j'aurais aimé te dire que nous sommes là pour explorer, découvrir et partager ce qu'il y a de meilleur en nous.

Chacun possède un trésor . Sois conscient et génèreux de ton trésor et, en même temps, reste ouvert, attentif à recevoir le trésor des autres, disposé à apprendre et à le remettre en question.

Cherche la beauté, la vérité, l'excellence en accueillant aussi ta fragilité, ta vulnérabilité et ton ombre, de sorte d'être à même d'accueillir celles des autres .

Occupe joyeusement ta place: il y a de la place pour chacun, sinon ni toi ni moi ne serions là. Pense que la place que tu n'occupes pas pour ne pas déranger reste vide à jamais et réjouis-toi que chacun occupe pleinement la sienne autour de toi"

Rabindranah Tagore


Le conte du jardinier d’amour


Des forces d’amour et des forces de destruction cohabitent en chacun de nous. Il est important et vital d’aider les forces d’amour, non seulement à trouver leur place, mais aussi à se développer à chaque instant de notre vie.

Peu de gens savent que dans les pays qui entrent dans une période de guerre, de famine, de catastrophe, où se déroulent des évènement terribles qui vont violenter, blesser, changer la vie de milliers, de dizaine de milliers parfois d’être humains, il y a des femmes, des enfants et des hommes qui se réveillent, se lèvent, se mettent en marche et vont devenir des jardiniers d’amour. Je ne sais comment cela se passe exactement, mais c’est ainsi : dans les moments de crise, des jardiniers d’amour apparaissent.

Car vous pouvez imaginer que chaque fois que le mal se répand, que la souffrance augmente, que la misère et l’injustice s’accroissent, l’amour est lui aussi en souffrance et en péril de disparaitre à jamais. C’est dans les périodes de guerre, de violence qu’il est le plus rejeté, oublié, piétiné, qu’il parait le plus ridicule et impuissant à changer le cours de l’histoire, à modifier le déroulement des évènements. C’est dans les moments où, le chaos suscite désarroi et violence sur son parcours, que la raison des hommes est emportée dans un tourbillon de folie aveugle qui dévaste tout sur son passage à l’extérieur comme à l’intérieur de chacun.

De plus, depuis quelques décennies, l’homme a décidé de violenter aussi la Terre qui l’a accueilli il y a bien longtemps, en créant entre autre des villes immenses qui repoussent la nature encore plus loin, en bétonnant les cotes des mers et des océans par des immeubles et des parking, en polluant les rivières et les fleuves, en transformant les montagnes et les iles en centres de loisirs bruyants et nauséabonds.
Vous vous interrogez certainement : « Mais que vont faire ces jardiniers d’amour ? Que peuvent-ils changer ? »
Je vais aller au plus simple et vous raconter l’histoire de l’un d’eux. Ce que fut sa vie et comment il réussit à implanter un peu plus d’amour autour de lui.

Cet homme là qui, dans un premier temps de sa vie, ne s’était pas préoccupé des désordres qui parsemaient le monde, dont pourtant les journaux, comme la radio et la télévision, se faisaient l’écho sans limites, se réveilla un matin avec le sentiment qu’il fallait faire quelque chose. Faire quoi ? Il ne savait pas encore. Mais à l’intérieur de lui vibrait comme un signal, un appel qui lui faisait comprendre qu’il devait ajouter quelque chose à sa vie. Ce sentiment d’urgence augmenta quand il vit un jour, en allant chercher son courrier, que les quartes beaux et vénérables platanes de la place de son village avaient été cisaillés au ras du sol et que le lendemain d’énormes bulldozers étaient déjà à l’œuvre pour défoncer la terre, en extraire les dernières racines et que, huit jours après, toute la place était recouverte d’un goudron noir, lisse, parfait avec des marques blanches pour indiquer les emplacement des futures voitures de ce nouveau parking. A la suite de cette découverte, il décida de planter quatre arbres, dans un petit terrain en friche, pas très loin de chez lui, et même d’ajouter un cinquième arbre pour tenir compagnie aux quatre premiers. C’est en allant les arroser régulièrement durant plusieurs mois qu’il imagina pouvoir introduire dans sa vie, un geste, une action, une conduite porteuse d’amour, de tendresse ou bien de bienveillance chaque fois qu’il aurait connaissance d’un abus, d’une injustice, d’une violence qui serait faite de par le monde à toute espèce vivante.

Dès le lendemain, son engagement fut mis à l’épreuve. Tout près, dans la ville voisine, une vieille dame avait été gravement agressée par un inconnu. Aussitôt il prit la décision d’aller voir cette femme, de l’écouter, puis de revenir lui offrir un livre après qu’elle lui eut dit qu’elle aimait lire.

Chaque jour allait lui révéler une action à entreprendre, un acte à poser comme pour colmater les excès et les dérives de l’humanité : préparer un repas léger pour cet homme qui venait de perdre sa femme, écrire une lettre à un critique qui avait malmené durement non seulement le livre d’un débutant, mais aussi sa personne en la bafouant publiquement, participer à une marche contre l’implantation d’une décharge de produits toxiques…

Vous allez me dire très certainement que ce genre d’actions- planter quelques arbres, offrir un livre, préparer un bol de soupe, écrire une lettre- ne représentent pas nécessairement un acte d’amour. Qu’il est facile de s’indigner, de protester, de manifester sans pour autant apporter plus d’amour au monde. Vous avez certainement raison, car je ne vous raconte là que le début d’un cheminement, la mise en place d’un processus d’éveil à l’amour. Il existe une grande variété de graines qui peuvent, si on les laisse germer, devenir les prémices d’un amour plus universel. D’un amour qui dépasse le singulier, le personnel et l’intime, celui que l’on peut éprouver envers une personne précise, pour s'ouvrir de façon plus large aux autres et parfois à l’humanité tout entière.

Ainsi, en commençant à déposer, autour de lui, quelques graines de bienveillance, de respect, de solidarité, d’attention, de sourire, celui qui allait devenir un jardinier de l’amour préparait le terrain. Il savait qu’il fallait arroser, sarcler, débroussailler, élaguer pour permettre à une toute petite graine, au départ d’aspect fragile, de germer, de pousser, de fleurir, pour donner d’autres graines à son tour, puis se répandre et ensoleiller le cœur de ceux et celles qui soudain se sentaient touchés, transformés, transportés, avec l’envie, pour quelque uns, de devenir, à leur tour, des jardiniers d’amour.
Je peux imaginer que certains d’entre vous, en me lisant, sentiront en eux qu’il leur est possible de devenir des jardiniers d’amour, qu’ils peuvent dès aujourd’hui commencer à planter une graine de tendresse, d’attention ou de bonté dans leur entourage.

Jacques Salomé

dimanche 11 avril 2010

Bénir


Au réveil, bénissez votre journée car elle déborde déjà d'une abondance de biens Que vos bénédictions font apparaître.

En croisant les gens dans la rue, dans le bus, sur votre lieu de travail, bénissez-les tous. La paix de votre bénédiction sera la compagne de leur chemin, et l'aura de son discret parfum une lumière sur leur route. Bénissez ceux que vous rencontrez dans leur santé, dans leur travail, leur joie, leur relation au divin, à eux-mêmes et aux autres. Bénissez-les dans leur abondance et dans leurs finances.

Car bénir signifie reconnaître le bien infini qui fait partie intégrante de la trame même de l'univers. Il n'attend qu'un signe de nous pour se manifester.

Bénissez-les de toutes les façons concevables, car de telles bénédictions ne sèment pas seulement les semences de la guérison mais, un jour, jailliront comme autant de fleurs de joie dans les espaces arides de votre propre vie.

En vous promenant, bénissez votre village ou votre cité, ceux qui la gouvernent et ses enseignants, ses infirmières et ses balayeurs, ses prêtres et ses prostituées. A l'instant même où quelqu'un exprime la moindre agressivité, colère ou manque de bonté à votre égard, répondez avec une bénédiction silencieuse. Bénissez-les totalement, sincèrement, joyeusement, car de telles bénédictions sont un bouclier qui les protège de l'ignorance de leurs méfaits, et détourne la flèche qui vous est adressée.

Bénir signifie désirer et vouloir inconditionnellement, totalement et sans réserve aucune le bien illimité pour les autres et les évènements de la vie en puisant aux sources les plus profondes et les plus intimes de votre être. Cela signifie révérer et considérer avec un émerveillement total ce qui est toujours un don du Créateur et cela quelles que soient les apparences. Celui qui est porté par votre bénédiction est mis à part, consacré, entier. Bénir signifie invoquer la protection divine sur quelqu'un ou quelque chose, penser avec une reconnaissance profonde à elle, l'évoquer avec gratitude. Cela signifie encore appeler le bonheur sur quelqu'un encore que nous ne soyons jamais la source de la bénédiction, mais simplement le témoin joyeux de l'abondance de la vie.

Bénir tout et tous, sans discrimination aucune, constitue la forme ultime du don, car ceux que vous bénissez ne sauront jamais d'où vient ce rayon de soleil qui soudain perça les nuages de leur ciel, et vous serez rarement témoins de cette lumière dans leur vie.

Quand dans votre journée, quelque événement inattendu vous bouleverse vous autant que vos plans, éclatez en bénédictions, car la vie est en train de vous apprendre une leçon, même si sa coupe peut vous sembler amère. Car cet événement que vous pensez être si indésirable, vous l'avez en fait suscité, afin d'apprendre la leçon qui vous échapperait si vous hésitiez à le bénir. Les épreuves sont des bénédictions cachées, et des cohortes d'anges suivent leurs traces.

Bénir signifie reconnaître une beauté omniprésente cachée aux yeux matériels. C'est activer la loi universelle de l'attraction qui, du fond de l'univers, amènera dans votre vie exactement ce dont vous avez besoin dans le moment présent pour grandir, progresser, et remplir la coupe de votre joie. Quand vous passez devant une prison, bénissez ses habitants dans leur innocence et leur liberté, leur bonté, la pureté de leur essence et leur pardon inconditionnel. Car on ne peut qu'être prisonnier de l'image qu'on a de soi-même, et un homme libre peut marcher sans chaînes dans la cour d'une prison, tout comme les citoyens d'un pays libre peuvent être prisonniers quand la peur se tapit dans leur pensée.
Quand vous passez devant un hôpital, bénissez ses patients dans la plénitude de leur santé, car même dans leur souffrance et leur maladie, cette plénitude attend simplement d'être découverte. Et quand vous voyez une personne en pleurs ou apparemment brisée par la vie, bénissez-la dans sa vitalité et sa joie : car les sens ne présentent que l'inverse de la splendeur et de la perfection ultimes que seul l'oeil intérieur peut percevoir.
Il est impossible de bénir et de juger en même temps. Alors maintenez en vous ce désir de bénir comme une incessante résonance intérieure et comme une perpétuelle prière silencieuse, car ainsi vous serez de ceux qui procurent la paix, et, un jour, vous découvrirez partout la face même de Dieu.

P.S. Et par-dessus tout, pensez à bénir cette personne merveilleuse, totalement belle dans sa vraie nature, et si digne d'amour que vous êtes.

Pierre Pradervand

samedi 10 avril 2010

Sur le chemin des estives !

Départ : Angoustrine
Distance : 10 km
Dénivelée : 380 m
Durée : 4 à 5 heures

Samedi 10 avril, Cattherine et Amy s'élancent sur le chemin des estives pour faire le test du nouveau sac à dos d'Amy.
En route!

La première rencontre, c'est avec la maison des abeilles!
Que font les abeilles l'hiver ? Les mâles sont chassés de la colonie et tout le monde s'endort doucement jusqu'au printemps.
Ce n'est pas une hibernation car les abeilles continuent à se nourrir et à bouger... mais très lentement , elles ont ralenti leur rythme.

La deusième rencontre, c'est avec un petit veau qui tête sa mère. Ok, le temps que le photographe sorte son appareil photo et c'est trop tard, la scène est déjà finie.

Nous arrivons au début du chemin des estives. Le premier panneau nous indique le chemin à suivre.
 
 
Le panneau suivant nous parle des arbres dont les branches servent à fabriquer des paniers!





Sur des tronc des arbres il y a quelque chose d'étonnant ! Des petis bonhommes peints en rouge et jaune ! Etrange non ?
 


Plus loin il y a des terrasses où autrefois on cultivait des patates et des céréales. De l'autre coté du ruisseau on mettait des troupeaux!
Les petits personnages apparaissent à nouveau!

Ils sont là, nous sommes dans la bonne direction!

Nous sommes arivées à l'église Sant Marti d'Envalls

Je suis coincée dans la barrière avec mon sac. Voilà le refuge :


Je suis dans l'église; le soleil entre par la porte.

Sur l'hôtel il y a une statue de Marie.

et voilà le troisième repère : avec l'explication de l'église.

Le pont mégalithique:

Voilà le quatrième repère: c'est une maison pour abriter les animaux.

Ici il y a un barrage qui retient l'eau. Et pour les poissons il y a un escalier spécial qui leur permet de remonter le courant.


Mais nous n'avons pas vu de poissons!


Là nous visitons la cabane d'un berger.

Et plus loin il y a d'autres cabanes. Attention à ne pas se perdre à cet endroit, car le chemin est mal indiqué. Il est nécessaire de traverser le champ. Sur la photo en dessous on voit bien le barrage et la rivière.


Nous sommes sur un col qui domine la vallée d'Angoustrine. La vue est superbe.


On voit aussi la chappelle Sant Marti !



Nous avons surpris un Cerf et ses femelles !


Nous avons franchis un deusième col et derrière, surprise : la centrale Themis


J'ai recupéré un bout de bois qui appartient au repère suivant, je vais essayer de le réparer.

En descendant, on peut voir a nouveau le village d'Angoustrine qui se rapproche.




Là, nous avons vu une sorte de canal fabriqué en pierre. Et j'ai marché dedans!

Nous sommes enfin arrivées à Angoustrine à la maison de la filature !